B comme banlieue (1/5)

La croissance urbaine fait que la ville se projette hors d'elle-même. Autour d'elle est apparue une banlieue souvent très étendue, qui constitue pour la ville un exutoire pour le trop-plein de sa population, un espace pour ses fonctions les plus encombrantes, un centre d'approvisionnement en produits agicoles mais aussi un lieu de détente et de repos. Aujourd'hui, la banlieue se structure autour de centres secondaires...en même temps qu'elle se dilue (...)

GENESE

Le terme "banlieue" est apparu dans la langue française dès le XIIIe siècle. Il désignait un territoire d'une lieue autour d'une ville sur lequel s'exerçait la juridiction de l'autorité citadine en raison de la proximité de cette ville. Les règlements administratifs et policiers appliqués l'étaient pour des raisons militaires et économiques. Mais hors de l'enceinte, au-delà de chaque porte de part et d'autre des routes quittant la ville, des noyaux de peuplement apparaissent : les faubourgs - foyers d'activités commerciales ou artisanales puis industrielles. Leurs habitants sont soumis à des mesures de contrôle notamment au sujet des constructions et de leurs activités. Lorsque les faubourgs deviennent importants, ils sont le plus souvent annexés à la ville et l'enceinte est reportée plus loin : la banlieue devient faubourg puis ville.

Exemple de Paris : en 1790, le mur des Fermiers généraux - mur d'octroi servant à prélever la taxe sur les marchandises - forme enceinte. Il n'a cependant pas de qualité militaire et lorsque la question de la défense de Paris se pose au XIXe siècle, Thiers ordonne l'édification de la dernière enceinte que connaîtra Paris, conduisant en 1860 à l'annexion de 11 communes entières et treize fractions de communes.

EVOLUTION

A partir du XVIIe siècle, le terme "banlieue" désigne par extension les environs immédiats d'une ville, périphérie sur laquelle la ville déverse et rejette ce qui l'enlaidirait ou l'encombrerait : carrières et sablières, forts et zones non aedificandi, terrains militaires, usines, gares de marchandises et de triage, autoroutes, aéroports, stations d'épuration d'eau potable et d'eaux usées, centrales gazières et thermiques, décharges d'ordures, parcs à ferraille et à voitures, dépôts de stockage pour charbon, pétrole et bois, hospices et maisons de retraite, asiles, hôpitaux, cimetières, stades et terrains de sports, hippodromes...tout autant que la population qu'elle ne peut loger. Or cette expansion spatiale s'est le plus souvent réalisée sur des aménagements ruraux anciens - tracés des chemins, parcellaire, types de clôtures...qui même en partie effacés, se manifestent encore dans le paysage actuel de la banlieue.

SON SENS MODERNE

C'est le chemin de fer et la révolution industrielle qui ont donné à la banlieue le sens de dépendance directe de la ville. Jusqu'en 1850, il n'existait pas d'agglomération de plus de 5 kilomètres de rayon et dépassant les deux millions d'habitants. L'apparition progressive des gares de banlieue et le développement des voies ferrées qui, assurant le transport massif et quotidien des travailleurs ou des marchandises, a permis aux villes de croître et devenir agglomérations. La valeur croissante du sol et des constructions - ainsi que leur plus-value - a entraîné le refoulement sans cesse plus loin de certaines utilisations (grande culture, maraîchage, artisanat, logement modeste...) au profit des usages plus rentables (logements de luxe, bureaux, commerces...).

 

La banlieue constitue un espace et un cadre de vie inorganisé, incomplet. Les règlements d'urbanisme ont été moins stricts que dans la ville, qui porte le plus souvent la marque d'une volonté organisatrice et d'une recherche esthétique. De la banlieue se dégage souvent une impression de confusion et d'improvisation. Toutefois font exception cités-jardins et villes nouvelles, une banlieue conçue et prévue s'opposant à celle qui a poussé sans règles.

IM

 

Sources :

  • BASTIE J., La croissance de la banlieue parisienne, Paris, 1965
  • BASTIE et DEZERT B., La Ville, Paris, 1991
  • DEZERT B., METTON A., STEINBERG J., La Périurbanisation, Sedes, Paris, 1991