La Maison des Babayagas

 

La Babayaga est une sorcière qui habite une maison en pain d’épices et pâte d’amande. Elle raconte des histoires aux petits enfants du village qui lui mangent sa maison. Furieuse, elle croque les marmots.

Mais c’est aussi celle qui guide dans les chemins initiatiques (...)

Une anti-maison de retraite

Thérèse Clerc, habitante de Montreuil (93), initie La Maison des Babayagas au début des années 2000, en réaction à une situation personnelle. Ayant eu à soigner sa mère en fin de vie, elle ne veut pas imposer cette tâche à ses enfants.

Suite à la canicule de 2003 - qui cause 11 000 décès en 3 semaines - son initiative est réellement prise au sérieux et Thérèse Clerc  devient la porte-parole des plus de 65 ans.

Cette femme dénonce le rapport de la société à ses personnes âgées : une solicitude exagérée, un corps médical qui associe vieillesse à pathologie et le contrôle excessif mené dans les maisons de retraite médicalisées qu’elle qualifie de « prisons ».

La Maison des Babayagas

"Un projet destiné à changer le regard sur les vieux"

L’association tire son nom de la tradition russe des contes de fées enfantins. A l'image de la Babayaga, Thérèse Clerc se veut une femme de caractère qui affirme que « la vieillesse n’est pas un naufrage mais un très bel âge ».

Cette maison prend le modèle classique de la maison de retraite à contre-pied et s'affirme autour de quatre piliers :

  • Autogestion
  • Solidarité
  • Citoyenneté
  • Ecologie

Ni directeur, ni organisme de tutelle - donc pas de hiérarchie ni de personnel coûteux - tout se décide démocratiquement par les habitantes prenant en charge les différents aspects de leur vie quotidienne.

Ces femmes refusent de se laisser enfermer dans des « ghettos pour personnes âgées ». Elles veulent une maison ouverte sur la cité, leur quartier et tous les âges de la vie.

Ouverture en 2012 à Montreuil

Les Babayagas sont locataires de l’Office HLM de Montreuil qui réalise la construction, pour des loyers modulables de 250 à 700 euros en fonction de leurs ressources. Le terrain de 700 m2 en plein centre-ville est cédé par la commune. Le petit immeuble de trois étages se compose de 20 studios de 25 à 35m2 avec cuisine/ salle de bains ainsi que des espaces collectifs (terrasse pour jardinage, bibliothèque, ateliers pour les artistes, salles de conférences et de réunion). La spécificité est que l’architecte a travaillé dès le début avec les futures locataires, prenant en compte leurs désirs et leurs besoins.

La première pierre a été posée en décembre 2009. Les premières locataires ont commencé à emménager en octobre 2012. Mais l’Office HLM est revenu en arrière et ce bâtiment se trouve maintenant soumis à la législation habituelle des HLM. Thérèse Clerc, initiatrice du projet s’en voit refuser l’accès car elle ne correspond pas aux critères d'accès aux logements HLM.

Autres Maisons

Des projets semblables se développent actuellement en Allemagne et en Scandinavie, tout comme en France où plusieurs groupes se sont déjà formés, à la suite des Babayagas de Montreuil.

A Brest et à Toulouse, deux associations se sont créées sous l’égide des Maisons des Babayagas. Elles respectent les 4 piliers fondateurs. Leurs projets dépendent aussi de l’Office HLM. L’association « Les Logis solidaires » déclarée dans ce but à Toulouse se différencie par sa volonté de mixité hommes/femmes.

IM


Prolonger la réflexion...

  • Thérèse Clerc continue malgré tout son combat et crée UNISAVIE : Université du Savoir des Vieux. C'est une initiative pour une réflexion sur toutes les questions de la vieillesse réunissant experts et spécialistes pour un échange pluridisciplinaire.
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Les débuts de UNISAVIE à Montreuil
UNISAVIE_ProgrammeNov.Déc2013.pdf
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  • MICHEL-CHICH Danielle, Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs, Edition Des Femmes, 2007, 131 pages
  • Babayagas, 52 minutes, documentaire réalisé par Thibault FERIE, Grand Angle Productions : KTO TV, 2008