Le phénomène Castor - 2/3

« Un toit pour tous, tous pour un toit »

Le mouvement Castor prend réellement son essor en 1954, en France mais aussi à l'étranger : Norvège, Suède, URSS, Argentine, Espagne, Algérie, Sénégal...Il s'organise autour de l'Union Nationale des Castors (UNC) et les différentes expériences locales sont regroupées par des Fédérations de Castors régionales.

Le ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme Claudius Petit, va aider cette initiative par la mise en place de certaines mesures. Le 5 mai 1949, une circulaire interministérielle reconnaît le principe « d'apport-travail » - officialisé en août 1952. Celui-ci va permettre la délivrance de prêts par certains organismes pour l'achat collectif de terrains.

De plus, l'Etat met à ce titre en place un prêt exceptionnel de la Caisse d'Allocations Familliales, réservé aux « groupements coopératifs d'auto-construction fondés sur le principe de l'apport-travail de ceux qui veulent devenir copropriétaires lorsque ces groupements seront constitués par des allocataires ».

Les projets de cité débutent en général à l'initiative de groupes de personnes qui s'organisent localement. Ces groupes se raccordent aussi parfois à d'autres coopératives existantes, afin de profiter de leur expérience et organisation. La première étape est de trouver un terrain. Les Castors de Montreuil par exemple créeront une coopérative HLM et la commune leur cédera un terrain pour construire 78 pavillons. Cependant le plus souvent, le terrain est acquis collectivement à crédit par le truchement d'une société coopérative. Une fois les maisons bâties, elles sont attribuées en général par tirage au sort aux Castors du groupe. Pour l'établissement des actes individuels de propriété, les maisons sont évaluées par reconversion des heures « apport-travail » en valeur - sur la base du SMIC – puis la société coopérative est dissoute.

Une autre caractéristique commune à la majorité des initiatives Castor est la forme que prennent les chantiers. Les personnes travaillant aux constructions viennent de tous types de métiers, le plus souvent sans aucun lien avec les métiers du bâtiment. Pour pallier cette lacune, les Castors d'Angoulême seront formés aux différents corps de métier, au fur et à mesure de l'avancement du chantier, par des professionnels intégrés au groupe.

De plus, la lenteur du chantier et la fatigue accumulée par les Castors encouragent une tendance à l'abandon et au découragement. Sur les deux cités qu'ils construiront – une de 43 maisons et l'autre de 26 maisons – les Castors d'Angoulême sont menés par Jean Sébire – ingénieur Travaux Publics – qui en prenant la responsabilité des équipes, travaille avec et au même titre que tous. Il est « le manœuvre de tout le monde », respecté et écouté. Il mènera à bien le projet par son engagement et sa certitude que « tant qu'[il] ne sera pas construit, tout le monde viendra ». En étant logé le dernier, il portera jusqu'au bout l'idéal « travailler pour les autres avant de travailler pour soi ».

 

Sources :

  • VILANDRAU Maurice, L'étonnante aventure des castors, l'autoconstruction dans les années 50, Editeur Paris Budapest Torino, L'Harmattan, 2002.
  • LEBORGNE Henri, Les castors rennais, une aventure humaine de solidarité et de fraternité, 2003.

  • La cité des castors, documentaire de 52 min réalisé par Fabrice MARACHE, 2007